Bonjour à tous mes frères et sœurs respectueux,
J'espère pouvoir apporter mon humble contribution à cette discussion qui respecte en tout point la tradition du respect.
Tout d'abord je tiens à dire que cette vidéo m'a bien plu, un regard un peu nouveau (Marxiste et Keynésien) d'un politique éprouvé aux rouages de l'enfer bureaucratique et lobbyiste européen. Surtout la deuxième partie sur ses propositions et les sources qu'il cite.
Tu as abordé plusieurs éléments (fort respectueusement au passage) dans ton message. Tout d'abord, qu'est-ce que la proposition de Mr. Varoufakis pour l'établissement d'une société plus équilibrée et deuxièmement y a t-il une raison morale/politique/philosophique à la séparation des entités économiques et politiques.
Pour la première partie, je pense (humblement et dans le respect, toujours ...) que son idée n'est pas tellement de remplacer directement les choix économiques des entreprises par ceux des acteurs du monde politique mais que chaque travailleur, dans une vision très Marxiste du salariat, se voit récompensé sur son capital par les résultats de l'entreprise et (j'imagine car ce n'est pas précisé clairement dans la vidéo) qu'il puisse d'une manière ou d'une autre apporter (et que cela soit souhaité) sa contribution sur les lignes directrices choisies par l'entreprise. Les propriétaires directs de l'entreprise seraient les producteurs de valeur ajouté et non les actionnaires. La question qu'on pourrait se poser est : Sachant que le travailleur est possiblement en constant déplacement d'une entreprise à une entreprise à une autre (si aucune contrainte législative ne lui est appliquée) quel est son intérêt de défendre des prises de décision à long-terme, pour la stabilité de l'entreprise, qui pourraient impacter les résultats à court-terme ? (C'est la même question que pour les actionnaires sauf que dans ce cas la, l'actionnaire ne fait même pas parti de l'entreprise et en a possiblement rien à battre c.f The Big Short)
Le politique, s'il existe encore en tant que tel, ne prend pas des décisions à l'échelle locale (celle de l'entreprise) mais chaque entité politique, au sens de nation, en revanche se doit de reverser ses excédents (je dois avouer que la phrase de Varoufakis n'était pas bien claire) budgétaires (lié au commerce intérieur et extérieur je présume), convertis dans une monnaie là aussi internationale (il parle du "cosmos" comme nom de monnaie) qui serait une sorte d'étalon or fixe mais dématérialisé, afin de supporter des directives globales qui concernent l'ensemble de la planète. Il cite l'exemple de l'écologie et aussi l'aide aux nations en difficulté (un peu j'imagine comme ce qui est fait en France dans le soutien de certaines régions qui sont les plus faibles économiquement).
Tout ceci afin de limiter les chantages des multinationales sur par exemple la délocalisation et la défiscalisation car les propriétaires et premiers décisionnaires des entreprises seraient des individuels d'un pays précis qui seraient donc concernés directement par la stabilité économique et sociale de leur pays et donc la protection du citoyen et de ses droits en premier lieu avant celle de l'entreprise.
Donc pour conclure l'idée n'est pas de remplacer l'un par l'autre mais davantage d'appliquer les processus démocratiques de manière uniforme dans la société c'est à dire dans la sphère politique mais aussi économique. Donc à mon avis ses réflexions vont vers une refonte totale de notre système politique, car ce n'est pas absurde si aujourd'hui je dis que nous ne sommes pas en démocratie mais davantage en oligarchie de caste. Donc, pour citer la caste des Chouard et autres, il s'agirait d'abord de créer une entité qui suivrait les demandes et attentes sur peuple dans son ensemble (couplée bien évidemment à des mesures plus locales) et qui "subirait" des contre pouvoir pour ses décisions (assemblée temporaire de spécialistes telle qu'une assemblée nationale non fixée pour plusieurs années et pas basée sur le fonctionnement par partis politiques) ainsi que de devoir régulièrement (et aussi à la fin du mandat) justifier de ses choix et décisions devant une assemblée populaire (supportée par des spécialistes).
La deuxième partie de la question est axée sur la légitimité d'un système non-démocratique pour le salariat ainsi que de la séparation des pouvoirs politiques et économique à grande échelle.
Sur la séparation, et tu cites Montesquieu, elle est absolument nécessaire dans le cadre politique (pour les choix sociaux et législatifs) afin de ne jamais donner trop de pouvoir à une poignée de personnes ou à un groupe et qu'il existe toujours un contre-pouvoir. Ce que tu dis sur le délit d'initié c'est, comme le dit d'une manière incroyablement respectueuse de
vicoman , exactement ce qu'il se passe aujourd'hui et qui va à l'encontre du processus démocratique (aucun contrôle des décisions de fond prises par le gouvernement au niveau économique et aucune nécessité de rendre compte de ses actes). L'exemple du "Siècle" et de ces réunions informelles entre acteurs politiques et économiques est une preuve presque irréfutable.
Je pense, que justement appliquer un vrai modèle démocratique à la sphère politique (comme précisé plus haut) détruirait de facto les connivences entre grands patrons et politicards (si il existe encore la profession de politique de métier). Donc en soit, pour moi, la question de savoir s'il faut séparer le politique et l’économique n'a pas trop de sens car si une constitution réellement démocratique et respectée est mise en place les entreprises n'auront d'autres choix que de s'y soumettre.
Enfin, la prise en main des entreprises par des travailleurs et non des actionnaires (ce qui correspondrait à un modèle démocratique pour l'économie) rendraient les décisions des entreprises plus cohérentes (et respectueuses) au sein d'un pays.
Quelques questions restent tout de même en suspend :
- Dans un monde de productivité et de concurrence dans lequel il faut grossièrement "faire vite" et ce que l'introduction de ce modèle ne nuirait pas à la productivité des entreprises ?
- Est-ce que et comment les dirigeants d'entreprises doivent rendre compte à leurs employés de leurs décisions si on leur donne certains degrés de liberté ?
- Comment et jusqu'à quel point la politique d'un pays doit influencer le fonctionnement économique d'un pays ?
En ce qui concerne la question de
vicoman Je pense que
gulard répondra mieux que moi sur ce sujet (il a plus Alain "Propos sur les pouvoirs" en tête que moi) mais la question est plutôt sociologique à mon avis. A l'heure actuelle je dirais qu'il n'y a quasi aucune chance (on est pas à l'abris d'une bonne surprise mais on l'attend depuis un certain temps) car d'une part on nous pousse en tant qu'individu à nous séparer de nos concitoyens (voire même de nos familles aujourd'hui) et que ne nous intéresser qu'à nous seul mais surtout car la pression exercée par l'oligarchie sur un altruiste qui sortirait du lot serait telle qu'à moins de ressources exceptionnelles il serait difficile de voir émerger quoi que ce soit (Syrisa est un bon exemple car je ne pense pas qu'ils soient fondamentalement mauvais). Je pense que malheureusement il va être de notre devoir de faire en sorte d'informer, motiver et créer quelque chose nouveau, particulièrement notre génération.
Merci pour votre participation respectueuse et excellente soirée
Q.